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                        INTERVIEWS ECRITES                     

ITW #11 PAUL AMANS

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Paul Amans, au 45 Tours © Diskonnected

C’est en ce lundi 04 janvier 2021 que le mix “Rouen contée par ses DJs” voit le jour, impulsé par le rouennais Paul Amans, connu aussi sous le nom de scène Unitypac, membre du collectif Diskonnected et exerçant sa plume pour le média La Lutte Musicale. Ce mix représente la ville de Rouen, à travers une vingtaine de morceaux différents, choisis par une vingtaine de DJ rouennais, et revêt le large et riche spectre des musiques électroniques. 

 

Hello Paul, est-ce que tu peux nous présenter ton projet en quelques phrases ? 

 

L’idée c’était de demander à chacun(e) de me donner un morceau qui, pour elles et eux, représentait le mieux la ville de Rouen. Le but, c’était de leur donner un libre arbitre dans leur choix, et chacun s’est justifié du choix de son morceau par rapport à un souvenir rouennais. J’ai eu plein de différentes justifications sur lesquelles on reviendra plus tard, mais, principalement, l’idée autour de ce projet, était de valoriser et de mettre en avant les DJs, qui aujourd’hui sont dans une situation particulièrement compliquée : les clubs et les bars sont fermés, il n’y a plus d’endroit où se retrouver pour écouter de la musique live. Je me suis demandé comment faire avec cette nouvelle situation pour créer un projet commun, qui rassemblerait les gens, et qui leur permettrait de s’exprimer à distance. 

 

Tu disais qu’il y a 19 collectifs différents à Rouen ? 

 

Il y en a même encore un peu plus. J’en ai contacté d’autres encore , certains ne m’ont pas répondu, même si ça a été le cas pour la plupart. J’ai même reçu plus de réponses que ce dont j’avais besoin. Si j’avais mis tous les DJ qui m’ont recontacté, ça aurait donné un mix de 3 heures… ça donnera peut-être un volume 2, pourquoi pas ! 

 

Tu as des noms à nous donner ? 

 

Le premier, c’est Yann Dulcé, qui a joué un live depuis le Gros-Horloge, pendant le deuxième confinement. Il y a aussi Housecall, résidents de la Friche Lucien ; Ben Nimä Skill, qui tient le disquaire Aesthetic Circle Record Shop, à côté de la cathédrale. Il y a aussi JM Corpus, qui fait partie du collectif Les Garçons Faciles, et qui a également créé un média à Rouen qui s’appelle Dans Ton Rouen.

 

Est-ce que cette volonté de mettre en lumière la scène électronique de Rouen a été encore plus impulsée par les prises de décisions du gouvernement cette année à l’égard du secteur “de la nuit et des clubs” ? 

 

Oui. Récemment, pendant le confinement, Laurent Garnier, qui est probablement le DJ le plus connu de France, a adressé une lettre ouverte à la Ministre de la Culture, Roselyne Bachelot. Dans cette lettre, il a voulu rappeler à la ministre que l’activité des clubs et des discothèques relevait bien du Ministère de la Culture, et pas du Ministère de l’Intérieur comme elle semblait l’évoquer. La musique électronique, ça reste partie intégrante de la culture. Rouen, même s’il s’agit plutôt historiquement d’une scène rock, puisque l’on y a vu émerger des groupes de rock qui ont connu une renommée nationale par la suite, possède aussi une scène de musiques électroniques. J’avais donc en idée de former une sorte de “bande organisée”, comme on a pu voir à Marseille, avec JUL… (rires). J’ai trouvé ça trop cool, cette volonté de rassembler les gens autour d’un même projet. A ma petite échelle, j’ai voulu apporter ma contribution.  

 

Est-ce que tu peux nous donner quelques exemples de morceaux que l’on t’a cité pour ton projet ?

 

Oui ! Globalement je suis plutôt content des morceaux que l’on m’a envoyés. Je parlais de Yann Dulcé tout à l’heure. Lui, il est DJ, mais aussi producteur à Rouen, et il m’a envoyé un morceau qui s’appelle Gare du Nord, qui évoque un peu les voyages en train. Pour ce morceau, il a samplé le jingle de la SNCF, qui dit “Rouen, ici, Rouen”. C’est le morceau d’introduction du mix. J’ai aussi parlé de Housecall, ils m’ont envoyé le tout premier morceau qu’ils ont joué devant le public rouennais. Nimä Skill aussi m’a envoyé une de ses propres productions. Mais il y a pas mal de variation dans ce mix : j’ai contacté un gars qui s’appelle Selecta Antwan, qui fait partie du Terminal Sound. Lui, il est beaucoup plus dans la scène reggae, ce qui reste un certain courant de la musique électronique. Il faisait partie de  l'organisation des Rouen Reggae Town, qui avaient lieu au Zénith, donc je suis content de pouvoir représenter un peu cette scène là, qui marche bien, dans ce mix. 

Malheureusement, et je tiens à le préciser, un des points faibles de ce projet, et malgré mes recherches, c’est que j’ai trouvé très peu de femmes parmi les DJ rouennais… Sur les vingt personnes qui participent à ce mix, il n’y a qu’une meuf. C’est Laetitia Katapulte, et c’est une des pionnières des premières raves techno en France. Elle est rouennaise, donc elle a pu organiser beaucoup de soirées électro à Rouen. Elle m’a envoyé un morceau typique des raves des années 90. Elle n’a pas une reconnaissance très grand public, mais dans le milieu de la musique électronique, c’est un nom qui est connu. 

Parmi ces vingts personnes, j’en connais la plupart mais j’ai aussi essayé de m’ouvrir à des nouveaux noms. Par exemple, on retrouve CHSCHR, qui lui est plutôt dans la bass music, qui vient du dubstep. Il m’a envoyé un morceau de Para One, qui a joué à Rouen et dont il avait fait l’ouverture. Il fait donc partie d’un courant musical qui n’est pas le mien, mais j’ai essayé quand même de regrouper le plus largement possible toutes les musiques électroniques dans ce mix. 

 

Tu parlais de courant musical. Dans les choix que tu as dû faire, on imagine qu’il y a des choix plus subjectifs que d’autres. On t’a donné des morceaux et tu as dû faire des choix : comment est-ce que tu t’y es pris pour les faire ? 

 

Justement, c’est un défi : je n’ai rien refusé, j’ai réussi à caler tous les morceaux que l’on m’a envoyé dans le mix. C’était un enjeu plus personnel, celui de réussir à intégrer des morceaux que je ne connaissais pas à la base dans le mix.  


 

Et enfin, tu vas avoir droit à la question récurrente des Rencards Étudiants… quel est ton rapport à Rouen ?  

 

J’ai passé 22 ans à Rouen, avant de partir il y a maintenant 3 ans pour Paris. J’y reviens régulièrement. J’ai connu beaucoup de périodes différentes à Rouen, et beaucoup d’endroits sont connotés selon ces périodes-là. Je dois dire que s’il y a un quartier que j'apprécie tout particulièrement, c’est celui de La Croix de Pierre. J’aime bien l’ambiance du quartier, les squats, les librairies collectives, un peu anarchistes, les restaurants… Culturellement, j’ai été abonné pendant plusieurs années au 106, parfois j’allais voir des concerts d’artistes que je ne connaissais pas, parce que c’était pas cher. Vraiment, merci au 106 parce que ça m’a permis de découvrir énormément de groupes et de musiques. 

 

Et un morceau particulier qui te fait penser à Rouen ? 

 

Je te dirais bien la reprise par Morteminence, un groupe rouennais, du morceau From The Inside, de Linkin Park, parce que j’aime Rouen qui résiste, qui a la rage, et qui, après une manif, va assister à un concert de soutien à prix libre dans la cave du 3 Pièces. Voilà ce que me rappelle ce morceau, même s’il est sorti cette année. 

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